// 19 – 23 novembre 2018 //
Et le césar de la meilleure îles des Canaries est attribué à… Lanzarote ! Et oui, notre dernière étape s’est soldée par un coup de cœur pour cette île au charme singulier, encore plus agréable à sillonner que ses voisines Tenerife et la Gomera. Nous avons débarqué (en avion… #écologie) sur une île paisible, au relief vallonné de volcans qui ont donné au paysage un aspect lunaire, où le noir de la terre contraste avec le blanc éclatant des maisons, le tout formant un ensemble qui nous a fait dire : « mais attend, je ne saurais pas dire dans quel pays je suis ». Peut-être entre la Grèce et le Maroc, s’il fallait chercher des comparaisons, surtout dans la petite ville où nous avons posé nos sacs pour quatre jours, à Haria, dans le nord de l’île, entouré de palmiers (et de volcans évidemment). Pour se rappeler que nous sommes en Espagne, il faut aller sur la petite place du village et prendre un « cafe solo » ou un «condensada* » au milieu des papis à l’accent ibérique. Ce premier matin commence bien, on sent déjà que l’atmosphère de Lanzarote va nous convenir à merveille. Cela nous fait oublier la petite péripétie de la veille en arrivant avec une énième arnaque au moment de payer la voiture de location : « vous préférez payer 90€ et qu’on ne vérifie pas la voiture lorsque vous la ramenez ou bien que nous retenions 700€ de franchise sur votre carte bleue ? ». Cornélien on vous dit.
Pour ces quatre jours, nous avons loué via Airbnb un loft aménagé dans un ancien atelier avec une déco très réussie, colorée et originale (un cocon suspendu, des arceaux pour faire une gym aérienne, des lampes en forme de méduses…). Bravo à Maya et Jakub, les heureux propriétaires de la Cubamaya ! Du coup Charlotte s’est sentie obligée de leur faire une dédicace en leur laissant une photo d’elle en train de mixer telle un DJ sur leurs plaques de cuisson (à voir dans les photos en bas !!). Bref on a kiffé cet endroit, et on était content d’avoir un lieu fixe pour rayonner sur l’île plutôt que de changer tous les jours. La singularité de Lanzarote doit aussi beaucoup à l’enfant du pays, César Manrique, qui au delà de ses oeuvres artistiques et architecturales épatantes, a légué un héritage moral encore aujourd’hui respecté : pas d’immeubles de plus de trois étages, pas de tourisme de masse… Et voilà comment grâce à la vision humaniste et écologique d’un homme hors du commun, on retrouve un urbanisme qui s’intègre au mieux à la nature et ne détruit pas le paysage. Un bel exemple.
On commence par le« monumento al campesino » où se trouve un restaurant souterrain mais qui rend surtout hommage aux paysans de l’île qui ont su s’adapter à la terre volcanique pour y faire pousser notamment… des vignes. Il y a en effet toute une vallée viticole, la Geria, dont la particularité est de produire un excellent vin en abritant les vignes dans des ronds (ok là c’est pas très clair mais sur les photos on comprend !). Les paysages sont donc bluffants, nous pénétrons dans le cratère d’un volcan, El Cuervo, avant que la pluie ne se mêle à la partie. Il faut dire qu’ici, le temps tourne vite, on a vécu tous les jours un âpre duel entre le soleil et les nuages, mais au moins cela nous a offert parfois des lumières superbes. Rémi a fait la chasse aux arcs en ciel, ce qui nous a valu à un moment donné une belle flopée d’insultes en espagnol de la part d’un autre automobiliste qui passait derrière nous, puisque Charlotte avait garé la voiture sur la bas côté devant la demande insistante de « essaie de t’arrêter, faut absolument que je descende prendre en photo cet arc-en-ciel » ! Désolé, mais il y a des choses qui n’attendent pas… Sur la côte ouest tourmentée, nous rejoignons El Golfo et sa lagune verte, puis les impressionnantes vagues de Los hervideros qui viennent claquer entre les rochers massifs qui sont en fait d’anciennes coulées de lave. Nous courons (enfin, pas littéralement, on reprend la voiture en gros feignants pressés par le temps) vers les salines de Janubio pour y admirer le coucher du soleil. Déjà le charme de Lanzarote a opéré.
Le 2e jour c’est grand soleil. Pile le jour où Charlotte a mis son jean noir, et où notre programme nous amène à faire une rando autour du cratère de la Caldera Blanca. On ne vous fait pas de dessin sur l’humeur de Charlotte pendant la rando, que l’on boucle en près de 3 heures. Le paysage au sommet est impressionnant : des volcans pas très hauts mais qui s’étendent à perte de vue ! Nous terminons la journée (oui, on se la joue très cool entre les grasses mat’ et les soirées à faire les larves chez nous avec notre popote achetée au supermarché du coin) par la visite des insolites « Jameos del agua », des chemins de lave souterrains dessinés par Cesar Manrique qui abritent un restaurant et une salle de concert. Pour notre troisième jour on continue avec le mirador del Rio, créé par… César Manrique, bravo ! La vue est sans doute pas mal mais nos restrictions budgétaires (#giletsjaunes) nous obligent à faire comme pas mal de personnes autour de nous, à savoir se garer juste à côté du mirador et admirer la plus ou moins la même vue qui donne sur l’île de la Graciosa. Comme nous avons l’impression d’avoir économisé on se paye un resto au village du bout du monde d’Orzola pour une succulente paëlla au riz à l’encre de seiche ! Comme nous avons l’impression d’avoir économisé (bis) on se permet un arrêt à Lanzaloe, la marque de production d’aloe vera de Lanzarote. On visite les parcelles de terrain avant de se retrouver au milieu de la boutique souvenirs en même temps qu’un car de touristes français venus dépenser l’équivalent du budget coiffure de Laurent Delahousse en produits divers et variés. Forcément on craque aussi et nous voilà repartis avec Aloé, notre petite plante qui trouvera sa place dans le jardin de la grand-mère de Rémi.
Nous nous dirigeons ensuite vers « Las cuevas de los verdes ». Situés juste en face de Los jameos del agua ce sont des tubes de lave souterrains aménagés par qui-vous-savez dont la visite se fait uniquement accompagnés d’un guide et se conclue par une mise en scène qu’on n’a pas le droit de divulguer (ceci était un message de l’office de tourisme des Canaries pour vous encourager à venir découvrir Lanzarote). On continue avec le jardin des cactus où on en voit de toutes les sortes : des petits, des grands, des laids, des beaux, des gros touffus, des ptits joufflus, bref on a tout vu sur le cactus ! Et c’est l’heure du coucher de soleil avec un spot dégoté par le maître en la matière, Rémi Chabert aidé de sa fidèle appli MapsMe ! La pointe « Las nieves » vient parfaitement clore la journée. Pour nos derniers kilomètres sur Lanzarote le lendemain nous commençons par la « Caleta de Famara » surnommée la plage des surfeurs. On comprend très rapidement pourquoi, ils sont des dizaines à essayer de dompter la vague alors qu’il pleuviote. On file se mettre à l’abri à la Fundacion César Manrique qui nous en apprend davantage sur l’engagement non seulement écologique mais également social de cet artiste qui n’hésitait pas à venir sur les chantiers pour empêcher les pelleteuses de détruire le littoral (#laplainevaincra !). Nous ne pouvons cependant pas rendre la voiture avant de faire un tour sur la playa de Papagayo, réputée la plus belle de l’île et située tout au sud. C’est parti pour l’expédition « Fous toi de la boue partout » puisque la route pour atteindre la plage est en réalité une piste et que c’est à ce moment-là qu’un orage se déclenche. Nous parvenons tant bien que mal à la plage où quelques rayons de soleil viennent nous récompenser. Le chemin du retour s’avère plus compliqué et Charlotte est tendue comme la chemise de Hulk, faisant plusieurs fois s’inquiéter Rémi :
- « Je vois plus la route, je te dis que je vois plus la route, ya combien de kilomètres avant l’aéroport ?
- Plus beaucoup, on est quasiment arrivés.
- Ça répond pas à ma question !
- Il en reste 12.
- Oh non je vais jamais y arriver, j’en peux PLUUUUS »
C’est donc dans une ambiance toute en décontraction que nous rendons enfin la voiture et regagnons le centre-ville d’Arrecife pour aller nous poser dans notre hébergement du soir (on est déjà nostalgique de la Cubamaya…). Réveil à 6h le lendemain pour prendre l’avion (encore !) vers Gran Canaria et passer la journée dans la capitale de Las Palmas à flâner dans les rues et terminer ce séjour dans un resto près du port avec des pâtes à l’encre de seiche (ouais on kiffe !). Dans l’avion de retour vers Marseille (on a arrêté de compter combien on en a pris c’était un coup à tuer notre bilan carbone sur dix générations) on a fait le bilan de ces deux semaines aux Canaries : c’était beau mais cher et surtout c’était un voyage à préparer. On ne voyage pas 15 jours en Europe comme on voyage 6 mois en Amérique du Sud. Alors pour les prochaines destinations notre défi c’est de reprendre l’habitude du « slow travel », prendre le temps et découvrir des lieux en trains ou en bus. Quand bouge de là se re-pose ici !
* condensada : C’est un café noisette dans lequel le lait est remplacé par du lait concentré sucré, une bombe calorique que Charlotte dégustera environ 2 fois par jour pendant le séjour sur l’île avec le projet de bien évidemment reproduire ce mode de dégustation du café sous les applaudissements de la communauté des diabétiques des canaries.