// 04 – 07 juillet 2018 //
Quand on a demandé au gars de l’office de tourisme de Popayan quel site archéologique privilégier entre San Augustin et Tierradentro la réponse fut immédiate : « Tierradentro, c’est bien moins touristique, seuls les Colombiens y vont et les tombes sont impressionnantes ». C’est comme ça que nous nous retrouvons sur ce territoire encore contrôlé par les FARC il y a quelques années. Après la ville, place à la nature, bien verte ! En plus le trajet qu’on redoutait (le minibus passe par une route défoncée par endroit) se passe bien et quand on arrive à l’entrée du centre, on a la bonne idée de rester dormir dans l’une des maisons qui longe la piste. Les habitants, habitués aux touristes (le site est classé à l’UNESCO), proposent l’hébergement. On choisit celui de Romulda qui a la particularité de vendre des jus de fruits « 100% pur jus naturel, rien d’autre que du fruit, je fais ça depuis 35 ans, mon secret ? C’est l’expérience ! » se plaît-elle à nous dire. Et on doit reconnaître que ce sont les meilleurs jus de fruit qu’on ait goûté depuis le début de notre voyage ! Ce n’est pas pour rien que sa petite tienda s’appelle sobrement : Ricos Jugos !
C’est la fin de journée, parfait pour acheter notre passeport. Alors non on ne se lance pas dans le trafic de faux papiers c’est juste que le site de Tierradentro est composé de différents lieux, chacun représenté par une page dudit passeport ! On commence par le musée qui nous apprend, beh pas grand-chose puisque visiblement la civilisation de Tierradentro reste assez méconnue jusqu’à aujourd’hui. On sait seulement que c’était un peuple qui vivait sans faire la guerre à ses voisins (faudrait en parler à quelques pays du globe…) et surtout qui enterrait ses morts dans des tombes bien décorées. Mais la visite desdites tombes ce sera pour demain. Entre-temps, autour d’un jus de fruit, nous faisons la connaissance d’une autre française, Carole, qui voyage solo en quête d’une nouvelle page à écrire. Tout de suite le courant passe bien (le jus de fruit ça désinhibe !) et on décide de se rejoindre le lendemain pour faire les visites de Tierradentro. L’atmosphère du petit village est très cool, les gens sont souriants, l’un d’entre eux en passant dans sa voiture qui livre les tiendas du coin se met à discuter avec nous avec beaucoup d’intérêt et de sympathie. On rigole entre nous car on se dit que les colombiens ont tous des têtes de tueur mais sont d’une grande gentillesse !
Après une bonne nuit nous voilà en compagnie de Carole à l’assaut du sentier qui va nous mener aux différentes tombes qui parsèment le site. Certaines sont impressionnantes, on descend par de raides escaliers à près de six mètres de profondeur et on découvre dans certaines des gravures et des peintures colorées de l’époque. On fait une tombe, puis deux puis dix, à la fin on regarde d’abord sur le petit écriteau explicatif si la tombe a encore des décorations sinon on s’économise la descente (#flemme). Outre les tombes il y a aussi quelques statues de ce peuple du VII siècle. On se régale en tout cas à sillonner le lieu et la marche est très agréable malgré les nuages bas, nous sommes seuls et rencontrons seulement les paysans du coin. L’après-midi pour la partie la plus dure de la rando (une grosse heure de montée) Charlotte passe la main, Rémi et Carole persistent, souffrent mais arrivent au sommet d’où le panorama est saisissant : que des collines vertes à l’horizon, ça c’est la campagne colombienne ! Le repos sera bien mérité au retour chez Romulda avec bien sûr des supers ricos jugos à déguster ! Plus que le site en lui-même, c’est l’environnement tout autour qui nous aura charmé. Ici tout est vert, la végétation et les différentes cultures (café, bananes, maïs) tapissent les pentes des collines vallonnées, on se sent vraiment dans un endroit à part, isolé mais pas trop non plus.
Le jour suivant on quitte les températures tempérées de Tierradentro pour se rendre dans le désert de Tatacoa et sa chaleur étouffante. Bon ce n’est pas vraiment un vrai désert, mais plus une zone aride En tout cas c’est l’épreuve pour y arriver depuis là où on est : on enchaîne ainsi quatre transports différents dans la journée (minibus, taxi, bus et de nouveau minibus). Entre temps nous avons dit au revoir à Carole qui rentre à Bogota. Dans le dernier minibus qui nous amène à Tatacoa nous faisons l’erreur de faire confiance au chauffeur qui nous amène à un hôtel selon lui nickel, avec chambre double et air conditionné pour 50 000 pesos. Quand on arrive, le gars de l’hôtel nous dit que c’est 60 000 (mais oui, ces petits 10 000 en plus que tu rajoutes en espérant avoir le touriste), on doit donc négocier pour avoir un meilleur prix.
Il nous montre ensuite notre cachot chambre qui doit facilement atteindre les 30 degrés, mais il y a une douche qu’on s’empresse d’utiliser vu la chaleur ambiante et les heures de trajet qu’on a accumulées. Comme c’est presque la fin d’après-midi on se tâte à attendre ou aller directement dans le désert rouge. On demande conseil à notre hôte :
« Le désert rouge est loin d’ici ?
– On vend des tours tout compris.
– Merci mais on veut le faire seuls, du coup c’est à combien de temps à peu près d’ici ?
– Pas loin.
– Ah et on peut y aller maintenant ou c’est mieux au coucher de soleil ?
– Maintenant ou demain, pareil.
– Hum d’accord. »
Pour sa gouverne, oui c’est une très bonne idée d’aller voir le désert rouge avec les derniers rayons du soleil, nous l’avons fait et ce fut très beau. À l’entrée du site un plan très approximatif indique une boucle et un petit escalier descend sur le sable couleur ocre. On s’y engage or très vite nous perdons les repères censés indiquer le chemin. Rémi veut le rebrousser, Charlotte veut économiser chaque pas et milite donc pour continuer. Bingo, après quelques minutes nous retrouvons un passage, et comprenons que nous effectuons le tour à l’envers (si jamais on peut dire qu’il y a un sens à un désert). L’endroit est particulier, on dirait le Colorado provençal colombien et s’il n’y avait pas de cactus on pourrait se croire en Namibie (Elsa et Damien on pense à vous, c’est le moment de voir si vous lisez encore le blog !).
De retour à notre « hôtel » on paye évidemment très cher un simple plat pour manger le soir puis débute la nuit de l’enfer : il fait environ mille degré dans notre chambre, il n’y aucun moyen de rafraîchir l’air et des centaines de petites bêtes volantes rentrent dans la pièce attirées par la lumière. C’est le cocktail parfait pour ne pas dormir de la nuit ! Après cette mauvaise nuit autant partir tôt, notre réveil sonne vers 6h du mat, on saute dans nos habits et c’est partis vers le désert gris, l’autre partie visitable. Situé à une heure et demie de marche, on s’est dit qu’il valait mieux y aller à la fraîche. De toute façon pas mal d’autres touristes doivent penser comme nous et il y aura sans doute quelques motos taxis sur la route. CROIS-LE ! Les seules motos qui passent sont composées de minimum deux passagers et/ou poules, quant aux voitures pour faire du stop eh bien c’est le désert ! On arrive donc déjà un peu crevés devant un panneau aussi approximatif que celui de la veille pour le désert rouge, qui montre une entrée et une sortie, voisines l’une de l’autres mais pas situées au même endroit. Comme on voit un chemin devant nous on l’emprunte mais cette fois on capte direct que c’est la fin du trajet vu qu’il y a la piscine qui est censée clôturer la boucle, juste devant nous. On se dit qu’on a qu’à continuer à l’envers, on aura moins envie de se jeter dans l’eau si justement on sort par l’entrée (c’est clair non ?!). Et pour nous montrer le chemin un petit chien nous accompagne. Pas grand-chose à voir mais on suit notre guide à quatre pattes en espérant à chaque virage apercevoir ce qui fait la beauté du désert gris. En vain. Il y a trop de sillons d’eau qui partent dans des directions différentes, on ne sait clairement pas où l’on va, il fait cheau, il commence à pleuvoir et le comble c’est « notre » petit chien : quand on l’entend aboyer au loin on comprend que nous ne sommes pas seuls dans le désert. D’autres touristes ? Non, des vaches que notre ami canin parvient à énerver, pour le plus grand bonheur de Charlotte « Rémi je te le dis, moi je passe pas à côté de ces vaches, regarde elles chargent le chien elles sont méga énervées ! ».
C’est ainsi que nous allons errer à la recherche d’un passage bis qui n’existe pas histoire d’éviter les vaches. C’en est trop, tant pis on repart de là où on est venus, au final de toute façon le désert rouge était le plus beau à voir (on se rassure comme on peut, non mais en plus c’est vrai c’est écrit sur internet !). Il faut cependant se retaper les 2h de marche sur la piste, car le tuktuk qu’on croise est bien trop cher. Heureusement la chance nous sourit enfin puisqu’un pick up s’arrête à notre hauteur et nous propose de monter à l’arrière. On rejoint l’hôtel en de deux, on se casse aussi en de deux et on a de nouveau de la chance car une petite famille trop sympa nous propose de nous avancer jusqu’à Villavieja une dizaine de kilomètres plus loin. Et pourtant ils sont déjà quatre plus un chien dans une petite voiture et nous on a nos gros sacs ! La gentillesse des Colombiens a encore frappé. Grâce à eux, on peut tranquillement aller prendre le premier bus qui part en direction de Bogota, la capitale, et oublier la petite mauvaise expérience du jour. Ce voyage nous apporte tellement de choses qu’on relativise beaucoup plus facilement. Le moral reste au beau fixe, il ne nous reste plus que trois semaines, on veut encore profiter à fond comme on le fait depuis le début !
Ca fait vraiment penser au Colorado provençal . C’est le même phénomène géologique ? On aurait bien voulu voir une photo des vaches pour si elles sont aussi sympathiques que celles de Montclar 🐄🐂 On présentera à Charlotte les nôtres elles sont calmes et gentilles 😂 A bientôt de vous lire. Gros bisous 😘
Très bonne question, on sait simplement qu’il y a eu beaucoup d’érosion et que c’est très joli 🙂 Et pour les vaches Charlotte entamera un processus d’apprivoisement mutuel à Montclar ! Gros bisous