Equateur #1 : de l’eau, du vent, mais pas la flamme

// 11 – 19 juin 2018 //

C’est dans le regard des gens, leurs visages plus fermés, la sensation que nous sommes moins appréciés en tant que touristes, voire carrément dévisagés dans la rue, qui fait que notre première impression de l’Equateur n’est pas bonne, que l’énergie bienveillante péruvienne a disparu en passant par la frontière. Pourtant on détonne moins ici au sein d’une population plus métissée, dans un pays aux infrastructures plus développées et un environnement moins dépaysant. Nous ne nous sentons pas à notre aise par rapport au Pérou qui nous a marqué pendant deux mois par son côté parfois chaotique mais surtout accueillant. Rendez-nous nos bisounours péruviens ! Bon, allez il faut tourner la page, parlons de nos premiers pas en Equateur, pays qui s’était d’ailleurs glissé dans notre itinéraire au dernier moment (c’est qui qui savait pas qu’entre le Pérou et la Colombie il y avait l’Equateur ? C’est nous !). À la frontière comme à chaque fois les formalités sont simples et rapides. Nous sommes du côté des privilégiés, des détenteurs d’un passeport français qui nous permet d’être d’heureux migrants volontaires, des nomades chanceux.

La véritable visite de l’Equateur commence avec Cuenca, ville réputée pour être l’une des plus jolies du pays et dont le centre historique est classé à l’Unesco. Alors oui, c’est effectivement plutôt joli, les rues sont plutôt agréables, mais on est plutôt déçu ! On s’attendait à mieux. On prend le temps de flâner dans la ville, le long des berges et de monter à la cathédrale dont les tours n’ont pas été terminées. La cause ? Une erreur de calcul de l’architecte (#precision) qui a donc préféré ne pas finir afin de ne pas risquer de tout faire tomber ! Limite c’est comme si le gars avait joué au jeu Badaboum et avait capté qu’il allait perdre à coup sûr donc il n’a plus rien touché ! On enchaîne sur le musée Pumapungo qui nous permet d’en savoir plus sur les civilisations passées du pays, ainsi que celles actuelles représentées par de nombreuses ethnies dont les Shuars qui pratiquaient à l’époque les réductions de tête (la pratique ayant été depuis interdite ils réduisent désormais des têtes de paresseux !). On a droit à quelques spécimens à l’intérieur du musée, c’est assez effrayant fascinant. Au marché central nous découvrons un plat typique : le « hornado », un énorme cochon grillé que des mamitas vous font d’abord goûter afin de vous appâter et que vous vous asseyiez à leur table. Nous sommes des proies faciles : c’est l’heure du déjeuner ! La première à tenter a raison de nous, mais pour notre plus grand plaisir car c’est super bon !

Le lendemain nous nous rendons dans la campagne équatorienne pour vivre une journée de tourisme communautaire. C’est suite à la lecture d’un blog que nous nous sommes dit « pourquoi pas ? ». Alfonso, la soixantaine bien portante, chapeau traditionnel et grosse ceinture qui lui donne un côté cow-boy indien, nous accueille chez lui pour nous faire découvrir les us et coutumes de sa communauté. Hélas, très vite nous ressentons qu’Alfonso, qui fait cela depuis une vingtaine d’années, est en mode automatique. Chaque activité est rôdée mais il n’y a clairement plus l’enthousiasme qui devait l’animer au début, et nous avons l’impression que les tâches se succèdent les unes après les autres sans réel échange humain. C’est dommage car l’essence du projet est louable : faire connaître et conserver des traditions de vie en harmonie avec la nature, la Pachamama, inviter des classes d’élèves de primaire pour les sensibiliser à la préservation de l’environnement, et financer le tout grâce à l’apport de touristes curieux. On retiendra davantage les sourires fatigués mais sincères de sa femme qui nous a préparé un excellent repas en forme de pique-nique et la séance de purification énergétique (oui c’est comme ça qu’on s’est retrouvés à se faire fouetter avec des branchages au son de la flûte de pan) :

Bon, même si on n’accroche pas vraiment avec Cuenca, on finit sur une bonne note : la découverte des chocolats Pacari (du vrai chocolat naturel cf le chocolat pour les nuls) dont Rémi va vite devenir accroc. L’étape d’après c’est Riobamba, ville située au pied du volcan Chimborazo, le plus haut sommet de l’Equateur (6000m). La surprise en arrivant c’est que le bus ne passe pas du tout par le terminal mais te laisse en périphérie de la ville trois kilomètres plus loin. Moment épique quand nous nous en rendons compte, obligés de descendre à l’arrache et de récupérer nos gros sacs dans la soute alors que le bus reste en mouvement. Non, vraiment sympas ces Équatoriens ! Heureusement l’atmosphère qui règne dans la ville que nous découvrons le lendemain nous plaît davantage, les rues et les bâtiments ont un côté colonial désuet qu’on apprécie. Comme souvent en Amérique du Sud, ce sont les vêtements des femmes qui permettent une différenciation marquante avec les autres pays. Ici elles sont vêtues d’une longue jupe noire cintrée par un bandeau large d’une dizaine de centimètres à la taille et d’un chemisier blanc à motifs venant blouser au-dessus de la ceinture. Sans oublier un chapeau type panama (oui car c’est en Equateur que sont fabriqués les chapeau Panama depuis les travaux du canal du même nom). Enfin, on se marre au marché devant le spectacle des mamitas qui harcèlent les gens pour qu’ils viennent manger leur hornado :

Comme les nuages cachent la vue sur le Chimborazo, on décide de s’en approcher pour l’apercevoir enfin. On monte en bus jusqu’à 4000 mètres d’altitude et là, la vue sur le volcan enneigé est enfin dégagée. On se dit « allez on va jusqu’au premier refuge ». Tu parles Charles ! Au bout d’une petite demi-heure nous rebroussons chemin à cause… du vent ! Eh oui au pied du volcan il y a des rafales qui feraient passer le mistral pour une légère brise. Et surtout il y a du sable qui se transforme en autant de petites piques sur nos mollets et nos visages. Après plusieurs mètres en marchant à reculons nous faisons demi-tour (putain, dans quel sens alors ?) et nous allons nous réchauffer à la cafétéria où nous rencontrons le tenancier qui visiblement a envie de parler ! Nous passons un moment avec lui à lui montrer les photos de notre voyage, lui qui nous dit voyager à travers les touristes qu’il rencontre, son salaire ne suffisant pas pour prendre un billet d’avion (on mesure notre chance). Il nous explique aussi qu’ici il y a toujours ce vent de folie ou sinon les autres jours il pleut ! Sympa l’endroit. Mais bon on a vu le Chimborazo, alors ça nous suffit !

Après Riobamba place à Baños, la ville des activités de plein air casse-cou. Pendant deux jours on a droit à la pluie et aux nuages, une constante depuis que nous sommes en Equateur. Il fait donc gris et froid, vive l’été ! Et dire que nous sommes censés être en saison sèche #dereglementclimatique. On prend quand même les vélos pour se lancer à l’assaut de la route des cascades. Le trajet tout en descente est parsemé de panneaux routiers intimant aux automobilistes de faire attention aux cyclistes sur la base de « partageons la route ». Au vu des personnes sur les vélos on pourrait rajouter en sous-titre « désolé c’est les touristes ils font chier mais ils rapportent, merci de pas les écraser » ! Sur notre route plusieurs cascades vont se succéder, ainsi que plusieurs stands de canopy, c’est-à-dire de tyrolienne. D’abord pas rassurée Charlotte se lance un auto-défi « allez je le tente ». Rémi l’accompagne et c’est donc en position « superman » que nous nous élançons au-dessus du vide ! La sensation de voler dans la nature est géniale (PeterPan a tout compris). Nous testons ensuite la tarabita, sorte de vieux téléphérique manuel qui te permet de passer de l’autre côté de la vallée. Appréciez dans la vidéo ci-dessous la sérénité jusqu’au bout de Charlotte qui filme la scène :

On réenfourche nos bécanes et prenons la direction de la cascade de tous les superlatifs, celle du Pailon del Diablo. Coincée au fond d’une paroi rocheuse, cette cascade possède un débit très impressionnant et le must c’est qu’on peut s’en approcher de très très près par un cheminement insolite.  La vidéo parle d’elle-même :

On a vraiment adoré cette expérience sensorielle ! Plus que la balançoire de la Cada del Arbol, accessible au prix d’une rude montée depuis la ville (on n’a pas fait les fainéants on n’a pas pris le bus), et qui permet de te balancer au-dessus d’un vide somme tout raisonnable. Les débuts en Equateur sont donc mitigés mais on sent qu’il y a du mieux, l’adaptation est en cours ! Cette étape nature nous a bien plu et arrive parfaitement au moment où on peut désormais arrêter de se dire « bon on se laisse encore quelques jours avant de décréter que l’Equateur c’est nul ». L’Equateur, c’est pas nul, c’est à découvrir.

8 commentaires

  1. wha con!comme dirait Charlotte..très impressionnante la vidéo de la cascade…et celle du téléphérique rude!j’aurais jamais pu faire ça!!bravo les loulous!quel courage…mais ne vous penchez pas trop!!ne faites pas comme marius!!hi hi
    gros gros bisous aux aventuriers

  2. Vous commencez à etre blasés ? Nous on ne l’est pas encore … on aime bien les vidéos cela vous rend plus proche de nous et on vit plus vos « aventures « . Rémi est-ce que tu te rappelles que tu es déjà allé derrière une cascade ? Petite devinette : où et quand ? à toi de trouver 😁
    Bisous à vous deux

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