Pérou #1 : Oueskonva Cuscofait ?

// 20 – 26 avril 2018 //

Notre premier contact avec le Pérou est comment dire… imaginez-vous dans un terminal de bus à devoir passer deux heures et demi à attendre, il fait nuit et il n’y a pas de wifi, juste beaucoup d’autres personnes qui attendent aussi et subissent les cris à répétition du gars de l’agence de transport qui gueule toutes les 48 secondes : « Cuuuuusco, Cusco ! » C’est ce qui nous est arrivé sur le trajet Copacabana-Cusco, censé être « directo » mais qui fait quand même une pause biiiiiien longue dans ce superbe terminal de Puno. Au moins, nous n’arrivons pas trop tôt le matin à Cusco*, il est six heures mais il fait déjà jour et la vile est en effervescence. Première négociation péruvienne avec le chauffeur de taxi :

« Pour aller à votre hôtel, c’est 15 soles.
– Oh non c’est trop cher, il y a seulement quatre kilomètres de distance !
– Bon ok 12 soles…
– On monte pour 10 soles ou rien.
– Allez d’accord »

Et là on a l’impression d’avoir trop assuré, jusqu’au moment où Rémi vérifie combien lui avait dit le mec de l’hôtel pour une course en taxi : entre 6 et 8 soles… allez ça va on débute !

On dépose nos sacs dans notre auberge et partons directement à la découverte de la ville (#warriors). L’architecture diffère de ce que nous avons vu en Bolivie jusqu’à présent, grandes places aérées, pas d’affiche à la gloire du Président, mais surtout ce qui nous frappe ce sont toutes les boutiques et agences de tourisme, et les touristes qui vont avec (tiens, revoilà des chinois !). Du fait de notre appartenance à cette espèce protégée, il existe d’ailleurs ici au Pérou une police touristique, nous sommes constamment alpagués par des rabatteurs pour des tours, pour des massages, restaurants et sans oublier les taxis qui te klaxonnent dès qu’ils passent à ta hauteur #jesuisunecible. Nous sommes à nouveau accueillis par une fanfare (après celle de Sucre pour la fête de la mer, mais si fidèle lecteur-trice on est sûrs que tu t’en souviens !) qui déambule autour de l’imposante Plaza de Armas :

Puis nous filons pour une visite guidée gratuite de la ville, pas terriblement emballante mais qui nous permet d’apprendre que le drapeau inca a une couleur de différence avec le drapeau LGBT, mais surtout de cerner les lieux où nous retournerons plus tard, dont le mercado San Pedro et ses vendeuses de jus de fruits qui te hèlent à coup de « mi amor » pour venir déguster leurs breuvages. Ce qui ne change pas par rapport à la Bolivie ce sont les almuerzos du midi pour quelques euros (5 soles ici) et désolé les amis boliviens, on doit dire que c’est un peu meilleur ici au Pérou. Les soupes en entrée sont super riches, et tandis que Rémi teste tous les plats « en segundo », Charlotte se demande à chaque fois comment il est possible de manger de telles portions. On goûte aussi à la chicha morada, un jus sucré élaboré à partir de maïs noir. Eh oui car le maïs au Pérou c’est plus de 3 500 variétés différentes (alors t’en dis quoi de ça Géant Vert ?) et parait-il la meilleure gastronomie de toute l’Amérique du Sud, mix de diverses influences culinaires. Et quand elle se marie avec la cuisine française, ça donne la Bo’M une crêperie dont nous sommes tombés sous le charme en visitant le quartier de San Blas. Les crêpes sont succulentes et l’endroit, tenu par une équipe péruvienne au fourneau, est rendu encore plus sympathique par la présence au service de Christophe, le seul Français de l’équipe, qui a la grosse qualité d’être… marseillais ! Évidemment ça a donc très vite collé entre nous ! Et son histoire – il a quitté Marseille à 50 ans pour venir s’installer à Cusco auprès de son fils qui a eu un enfant franco péruvien – nous montre qu’il est possible de tout changer pour vivre une autre vie.

Ici on a aussi retrouvé Benjamin, notre Français que l’on suit à la trace depuis Uyuni. Autour d’une bière Cusqueña, on a rencontré son pote Nicolas qui l’a rejoint depuis… Marseille bien sûr ! Tous les quatre, nous avons convenu de partir en expédition sur un jour jusqu’à la Montagne aux sept couleurs, via une agence. Mais pour mieux apprécier ce phénomène géologique, il aurait fallu qu’il y ait un peu moins de brouillard au sommet (et moins d’autres touristes rajoute Rémi qui on le sait, n’aime pas marcher en montagne avec du monde). On sourit jaune en repensant au gars de l’agence qui nous avait dit « ça fait un mois et deux jours que le climat est parfait vous allez vous régaler ! ». C’est pas la Rainbow mountain mais la unicolor mountain (remboursez !), tout est blanc ! Rémi restera près d’une demi-heure au sommet à espérer le rayon de soleil qui lui permettra d’apercevoir quelques couleurs, au milieu des bourrasques de vent glacial, tandis que Charlotte et sa patience légendaire redescendent après deux minutes. Bref vous l’aurez compris ce n’était pas une journée inoubliable pour nous, d’autant que les 6h de minibus au total ont fini par nous achever. Seule satisfaction : le bel effort physique accompli sans problème lors de la montée jusqu’à 5000 mètres d’altitude quand même (Rémi sera fier d’être le premier arrivé au sommet dans le groupe de notre agence) alors que les touristes-feignants payaient les locaux pour monter à dos de cheval.

En attendant, on visite Cusco, on s’y sent bien (sauf quand on voit les pauvres bébés lamas tenus en laisse sur le bitume par des mamas en habits traditionnel), on prend notre temps, notamment pour les achats de souvenirs (il parait que le PIB du pays est remonté en flèche suite à notre razzia au marché artisanal) et la découverte de… la poste ! Oui car tous ces souvenirs ça pèse pas mal dans nos sacs et comme la poste en Bolivie est en faillite eh bien on attendait avec impatience de pouvoir envoyer notre colis. Emballé par « José l’emballador », il a quitté Cusco le 22 avril et devrait arriver à la Ciotat chez la mère de Charlotte d’ici deux mois (inchallah !).

Niveau visites culturelles, on s’est rendus au couvent de Santa Catalina où, de l’époque inca jusqu’à aujourd’hui, vivent des femmes recluses du monde extérieur. Chez les incas elles étaient choisies parmi les membres de la noblesse et devenaient les épouses du soleil, devant rester vierges et ne pouvant avoir aucun contact avec le dehors. Ensuite, avec les catholiques celles qui devinrent les « sœurs », toujours enfermées et toujours vierges, passaient leur temps à réaliser de superbes broderies d’apparat qui servaient à leurs homologues masculins. Sympa le partage des tâches ! De nos jours 13 femmes vivent encore au monastère mais on vous rassure elles ont visiblement le droit de sortir. On a aussi visité le site de Qoricancha, dont les panneaux piquaient les yeux de par leur modernité toute incaïque, mais qui avait l’intérêt de présenter des tableaux comparatifs des civilisations incas et occidentale, et d’évoquer l’astronomie andine. En gros les Incas, au lieu de relier les étoiles pour y voir des formes, dessinaient des formes dans les blocs noirs situés entre les étoiles (oui ça devient technique tout ça). On est aussi montés sur le site de Sacsayhuaman (les guides de tourisme ont trouvé la blagounette internationale de « sexy woman » et au final c’est comme ça qu’on l’appelait aussi !). Là on entre dans le vif du sujet : la construction de sites avec des pierres énormes taillées au millimètre et s’emboîtant parfaitement. Y’a pas à dire, ils s’en sortaient pas mal niveau archi ! Et dire qu’ils ne possédaient pas l’écriture ! Le dernier musée que l’on ait fait est le musée historique régional où l’on en a appris un peu plus sur les figures de la résistance à la Couronne espagnole, avant les indépendances. Le plus souvent des métis, dont le célèbre Tupac Amaru qui fut tout bonnement écartelé.

Après ces quelques jours nous sommes ainsi impatients de partir à la découverte de la Vallée Sacrée des Incas dans un petit périple en solo de quelques jours, concocté avec l’aide inestimable de Diego, le propriétaire de l’hôtel, qui nous mènera jusqu’au Machu Picchu. Le jour du départ est aussi le jour du match aller de l’OM en demi-finale de l’Europa league. C’est comme ça que nous allons nous retrouver à chercher désespérément (surtout pour Rémi) un lieu qui retransmettrait la partie. On passera une heure à chercher quelle chaîne diffuse et qu’un gars dans un café appuie sur tous les boutons de sa télécommande et fasse trois fois le tour du câble avant de nous annoncer qu’il n’a pas la chaîne. Tant pis on se met en route, lorsque le regard de Rémi croise une pelouse sur un écran dans un pub. Gagné, l’OM joue et y gagne, parfait pour nous redonner de l’énergie et sortir sous la pluie direction les minibus qui vont à Pisac ! Juste avant, Rémi se fait une nouvelle coupe chez le coiffeur le plus doué de Cusco. Et ouais faudra être beau sur les photos au Machu Picchu !

 

* Cusco signifie « nombril du monde » en quechua car considéré comme le centre de l’univers inca et surtout au milieu de l’empire au moment de sa plus grande expansion !

4 commentaires

  1. Malgré les nuages la montagne aux sept couleurs donne de belles photos originales. Le pull-over de Rémi est bien dans les tons avec ce que ça doit donner en plein soleil.
    On attend le macchu picchu avec impatience vu les premières photos reçues en avant première.
    Bises

    1. Merci de votre optimisme concernant les couleurs des photos ! Pour le Machu, patience, d’abord un article sur la Vallée sacrée !

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