Bolivie #5 : les petites galères en quatre étapes

//10 – 17 avril 2018 //

Etape 1 : c’est décidé, on quitte La Paz ! Bon, on ne va pas très loin, mais depuis le passage en clinique de Charlotte on s’est dit qu’on allait se faire plaisir dans un hôtel qu’elle avait repérée en feuilletant un magazine culturel. « Oh regarde Rémi, ce lieu a l’air génial ! ». C’est un écolodge en plein cœur de la Valle de las Animas (la vallée des âmes) et du canyon de Palca, soit tout un programme pour gambader gaiement entre des formations géologiques tout en profitant du jacuzzi annoncé. Avant d’arriver au lieu en question, situé à une vingtaine de kilomètres de La Paz, il faut d’abord parvenir à sortir de La Paz. Et ça, c’est toujours un défi (il faut s’armer de paz…tience). Trouve d’abord le bon endroit et le bon bus au milieu des centaines de truffis, micros et taxis qui déferlent sur l’avenue, monte dans le bus qui roule à une moyenne de 10 km/h à cause des embouteillages, constate avec inquiétude que le bus se remplit énormément à chaque arrêt, commence à te demander comment tu vas faire pour sortir puisque tu es coincé avec tes gros sacs au milieu du bus, pour finalement, après plus d’une heure d’enfer, entendre le chauffeur crier « compañeros » et comprendre que c’est pour toi, que la sortie est là, mais à un endroit où tu n’avais pas trop prévu de descendre. Bon, nous devons donc reprendre un autre minibus (c’est ça ou marcher une demi-heure sur la route) pour arriver à l’embranchement de l’hôtel que nous rejoignons avec un plaisir non dissimulé.

Le cadre est joli, en pleine campagne bolivienne, dans un silence qui contraste tellement avec le chaos de la ville. Hélas, l’accueil du gars de l’hôtel va vite nous refroidir. On n’a même pas eu le temps de se poser dans notre chambre qu’il nous demande déjà de payer la nuit, puis, nous annonce qu’en fait, il n’y a pas d’eau pour le moment.

« Alors, c’est-à-dire qu’il n’y a plus d’eau. Un glissement de terrain a bouché la sortie de l’eau et du coup il faut que j’essaye de tout réparer, mais vous inquiétez pas ce sera pas long.

  • Ah, ok, donc pas d’eau, pas de jacuzzi ?
  • Beh non, mais de toute façon le jacuzzi c’est payant, c’est un supplément.
  • Ah, je ne crois pas non j’ai échangé des mails avec votre hôtel et c’est inclus dans le prix de la chambre.
  • Pas du tout
  • Beh si.

Et Charlotte de montrer le mail au gars qui nous dit qu’il y a eu confusion, que son collègue est en parti en… Inde (nous on aurait plutôt dit en couilles du coup) et que de toute façon, là n’est pas le souci car il n’y a pas d’eau. Bien bien bien. On lui demande ainsi en attendant comment faire pour aller marcher dans la Vallée de las Animas où se trouvent différentes formations de roches impressionnantes. « C’est juste au-dessus, c’est très facile à trouver ». Evidemment, on galère à trouver et le sentier qu’on commence à emprunter ne fait que monter sans qu’on puisse voir grand-chose. Pire, au moment où l’on se dit que ça va peut-être devenir joli, on se fait interpeller par une cholita en train de travailler dans un champ. Visiblement, elle n’est pas contente de nous voir dans les parages. « hey vous, c’est pas un chemin ici, c’est mon champ de patates, et je suis en pleine récolte, c’est pas par-là ».

Le mois d’avril est donc le mois de récolte de la patate en Bolivie et ce chemin n’est donc pas le bon, on le rebrousse ! Après cet échec, on se cale dans notre maisonnette pour bouquiner et admirer ensuite les derniers rayons de soleil qui se dispersent sur la face enneigée de l’Illimani. Comme il n’y a rien aux alentours, on mange au restaurant de l’hôtel où le gars nous sert des pâtes carbo plutôt bonnes même si réchauffées au micro-ondes (ce petit bruit qui trahit tout !), avant de nous presser d’aller au jacuzzi, réparé pendant notre balade, qui s’avère être… tiède ! Et la vue sur l’Illimani, beh yen a pas puisqu’il fait nuit ! Bon et puis autant vous le dire maintenant, les pâtes carbo nous ont coûté 75 bols, soit 7 fois le prix d’un almuerzo (le repas complet servi dans les lieux populaires), soit une immense arnaque. Heureusement, on dort plutôt bien, le réveil au milieu de la campagne est sympa et le petit déjeuner est très bon ! On fera plus la gueule au moment de payer, en apprenant le prix des pâtes. Avant de partir, on demande au gars comment rejoindre le canyon de Palca. « Oh c’est très simple vous allez tout droit ». Evidemment, on ne trouve pas de sentier, même si c’est vrai que l’on voit au loin le canyon tout droit. On s’élance tout de même et là premier obstacle pour Charlotte : traverser le champ de fleurs envahi d’abeilles*. Après une première crise de nerfs (#allergies) on traverse le champ. Mais il y en a un autre, et puis un autre, et encore un autre. On parvient enfin à descendre dans le lit du canyon, pour environ six minutes trente puisqu’ensuite, ça se rétrécit et on doit remonter vers le non-chemin. On traverse des champs de patates, croisons des vaches mais le canyon semble toujours aussi lointain. Ah, tiens un chemin, si on y arrive c’est sûr qu’on va pouvoir descendre. Ok, on se lance, et… rien. Tant pis, on s’obstine jusqu’à ce que les aboiements féroces d’un chien nous parviennent. Beh oui, certains champs sont protégés. Cela sonne le glas de notre excursion malheureuse vu qu’on n’a pas spécialement prévu une autre visite à la clinique pour piqûre antirabique. Merci Allkamari et ses conseils ultra précis. On aurait presque envie de retourner insulter le gars mais on préfère retourner à La Paz, décidément cette ville est un aimant !

Etape 2 : le lendemain, nous sommes dans l’une des gares routières de La Paz pour se rendre dans les Yungas et plus précisément à Coroico. Pour y aller il y a le choix entre la « route de la mort » ou la nouvelle route. Vous prenez quoi ? Malheureusement pour nous au moment où on arrive il n’y a de place que pour la route de la mort donc on se cale avec 7 autres personnes dans un minibus et c’est parti ! Précisons que nous avons payé un peu plus cher ce billet, sans comprendre pourquoi. C’est peut-être le comité des suicidaires qui tient le marché. Au final dès le premier péage on s’aperçoit que nous roulons sur la nouvelle route. Arnaque du jour bonjour ! On est tout de même soulagés, jusqu’à ce que le minivan s’arrête derrière une file ininterrompue de divers véhicules qui serpente dans toute la vallée. Eh oui, une partie du mur de pierre s’est effondré sur la route ! Du coup, pour faire La Paz-Coroico nous avons mis 4h au lieu des 3h annoncées. Mais au moins, quand nous arrivons à l’hostal El Cafetal tenu par un vieux couple de hippies français (Dani et Patricio, très sympathiques !), on surkiffe piquer une tête dans la piscine et admirer la superbe vue sur la vallée verdoyante en face.

La première balade dans les environs consiste en la montée du Cerro Uchumachi, montagne sacrée où les Aymaras viennent encore faire leurs offrandes. Au début tout va bien, au début… car rapidement la « balade » se transforme en chemin de sous-bois. Pas les sous-bois de Provence non, les sous-bois d’une région trans-tropicale (où on trans-pire donc beaucoup) envahis par une végétation ultra luxuriante (chéri, j’ai oublié la machette !). On sue, et plus particulièrement Charlotte qui s’est emmitouflée par 30 degrés dans son imperméable pour éviter toute piqûre de l’une des 200 000 espèces endémiques d’insectes qui planent autour de nous. Après deux heures de souffrance, nous arrivons au sommet où il n’y a rien d’autres que… de la végétation toujours aussi haute. Nous profitons tout de même de ce lieu sacré pour faire une petite offrande à La Pachamama (une banane ça ira ?). La redescente nous semble plus facile, peut-être que la Pachamama nous apprécie déjà davantage !

Etape 3 : Le lendemain, nouvelle expédition, cette fois-ci en direction du village de Tocaña où vivent les Afro-boliviens. En effet, c’est dans cette région que les esclaves déportés d’Afrique pour travailler dans les mines de Potosi ont finalement atterri pour travailler (toujours en esclaves hein) dans les champs de coca. Aujourd’hui cette communauté, qui lutte pour être totalement acceptée par la Bolivie, cultive toujours la coca, et fait partager sa culture à travers notamment une danse, la saya. Il y a même un roi ! Pour y aller normalement, c’est 2h de descente, 1h de montée et un retour en transport public. Au départ tout se passe bien, on partage la route avec Veronica, une allemande rencontrée à l’auberge, et un invité surprise : un chien ! Celui-ci s’est mis à nous suivre depuis les rues de Coroico et ne nous lâche plus, malgré la difficulté du sentier, le soleil qui tape et les kilomètres qui passent. Du coup on décide de lui donner un ptit nom, ça sera Boli ! (non pas en hommage à Basile, mais à la Bolivie bien sûr). Une fois arrivés à Tocana, nous découvrons l’atmosphère particulière de ce lieu, village fantôme où nous croiserons que peu de personnes, mais en effet toutes Noires. Le plus surprenant sont les femmes vêtues de la jupe traditionnelle plissée des cholitas. Tiens, prends ça le stéréotype bolivien !

Après un rapide tour nous décidons de regagner Coroico, en bus cette fois-ci. Or, aucun ne passe, car quand il est 14h de l’aprem à Tocaña, autant vous dire que c’est l’heure de la sieste et qu’on entend les mouches voler ! Après une heure d’attente on se rend à l’évidence, il faut descendre vers la route principale et tenter le stop avant de rallier le lieu de rencontre des minibus. Mais va faire du stop à trois avec un chien qui aboie et court comme un fou après chaque véhicule que nous croisons ! C’est pire que les handicaps de Pékin-Express ça ! Mais comme on s’est pris d’affection pour Boli, on persévère et une voiture s’arrête enfin ! Le conducteur nous dépose sur la route principale, il faut à nouveau faire du stop. Un mini bus s’arrête, et il est rempli de… poulets ! Boli et Charlotte se retrouvent donc à l’avant pour empêcher toute action de Boli sur les poulets. On arrive au lieu de jonction et prenons enfin notre bus vers Coroico (détail rigolo, on a payé la place de Boli !). Nous arrivons enfin à destination en toute fin d’après-midi, soulagés et fatigués, mais avec un dernier objectif, peut-être le plus dur : se séparer de Boli… On réfléchit à plusieurs stratégies et on décide de lui acheter un morceau de viande (il nous a coûté cher au final !) pour lui lancer en même temps que nous décampons. Peine perdue, Boli commence à prendre le morceau de viande mais en nous voyant filer, il se met alors à notre poursuite, abandonnant son butin. Ce chien nous aime et est donc prêt à tout pour rester avec nous… ! Et Charlotte se met alors à envisager l’adoption. Il faudra les gros yeux de Rémi, la sagesse de Veronica (« comment tu passes les frontières avec un chien, et les voyages en bus ? »), et l’absence d’internet où regarder les procédures vétérinaires pour que Charlotte renonce à ce projet. Et ce qui devait arriver arriva : à l’hôtel Boli est chassé à coups de pierre par Patricio qui cherche à protéger ses propres chiens (que Boli avait certes commencé à attaquer). Triste fin… Dani nous expliquera que de nombreux chiens errants dans Coroico suivent les touristes (comment ils les reconnaissent ?) dans l’espoir d’être adoptés. En tous cas, Boli, si tu nous lis, sache qu’on a quand même bien aimé cette journée avec toi même si tu nous as rendu fous, et on espère que tu as trouvé d’autres propriétaires…

Etape 4 : Le jour suivant nouvelle échappée dans la région : les cascades de Pozas del Vagante. On marche, on transpire, on prend les raccourcis de Maps.me qui nous font rater un embranchement, on arrive en bas au bout de deux heures pour admirer une magnifique cascade. Non, on déconne ! Ya rien en fait, juste un pauvre cours d’eau et à nouveau le plein d’insectes. Il faut donc remonter. Heureusement il parait qu’il y a des taxis qui font des aller-retours. Peut-être. Mais peut-être pas LE jour où on y est, et nous revoici à marcher pour tout remonter avec nos gros sacs à dos (beh oui on pensait remonter en taxi), pendant trois nouvelles heures. La tension monte autant que la pente, puis par magie un taxi arrive. On n’est plus très loin de Coroico mais pour la paix des ménages et la survie de nos mollets nous le prenons avant de sauter dans le bus qui nous ramène dans notre fausse) capitale préférée.

Etape bonus : c’est bon aujourd’hui on quitte La Paz ! Bon avant ça on va publier l’article sur le Condoriri. « Heu, pourquoi je vois pas les galeries photos sur le site ? ». Bonne question. Panique à bord, le site est vide, ne restent que les textes, mais les photos ont disparu, la carte aussi. Merde, merde, MERDE ! Et c’est parti pour plusieurs heures de recherches, de lectures de forums, de messages angoissés vers Damien, puis finalement de restauration du site tel qu’il l’était la veille, lorsque tout allait bien. Il est 16h. Trop tard pour quitter La Paz. La personne avec la poupée vaudou est priée d’arrêter de jouer, on veut aller vers le lac Titicaca maintenant, merci !

2 commentaires

  1. Malgré les galères les paysages sont très beaux ! On pensait que Boli était noir 😁 Cela nous a rappelé Noireaud que les voisins qui l’avaient récupéré avaient appelé Basile … Vous avez oublié de dire que Rémi avait taillé sa barbe 😉 Cela lui va mieux 😂 Maintenant on attend Titicaca , depuis qu’on entend ce nom ….
    On vous embrasse très fort.

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