// 04 au 11 juin 2018 //
Après notre semaine à Huaraz nous continuons toujours plus au Nord en ayant à l’esprit de traverser la frontière avec l’Equateur. Pour cela trois solutions d’offrent à nous. Or le poste frontière de la côte ayant mauvaise réputation et celui de la jungle prenant environ 4 jours nous penchons pour passer à celui du milieu (#Bayrou). Et puis Charlotte martelant déjà depuis plusieurs jours qu’il faut absolument aller à Kuélap (« c’est le Machu Picchu du Nord Rémi » !) notre itinéraire sera donc le centre-Nord.
Nous commençons par Trujillo, une ville aux murs colorés qui abrite les vestiges de la civilisation Chan-Chan. Avant d’entamer la visite nous devons reprendre des forces. Nous avons la bonne idée de rentrer dans un resto qui est en fait un restaurant d’application pour les apprentis cuisiniers et hôteliers, certes c’est risqué, mais pour le prix nous avons droit à un super almuerzo avec des papas à la huancaina, une causa et un aji de la gallina, tous très bien cuisinés. Bon évidemment un des jeunes serveurs fera tomber une assiette à la table d’à côté, mais le nôtre était nickel : 10/10 minot ! C’est le ventre plein que nous partons visiter les ruines de Chan-Chan qui est apparemment LE truc à faire dans le coin. Il s’agit d’une cité de la civilisation Chimu. Civilisation datant de… heu… enfin, civilisation dont la spécificité était… mmm… voilà en fait à Chan-Chan il n’y a aucun panneau explicatif et le prix des guides exagéré donc clairement nous n’avons rien saisi au site ! Alors oui on a vu qu’il y avait des poissons gravés dans les murs pour indiquer un chemin et puis pas mal de frises bien conservées, mais au-delà on ne sait pas. Enfin, pour nous ce fut surtout très Chiant-Chiant (copyright Rémi pour cette blague, il y tient). Nous ressortons frustrés et abandonnons l’idée d’aller voir le coucher de soleil sur la plage de Huancacho, pourquoi ? Parce qu’il fait tout gris pardi ! Du coup on se dit qu’on ne va pas s’attarder à Trujillo et misons sur le bus du lendemain 16h qui va jusqu’à Chachapoyas notre prochaine étape. Crois-le ! Arrivés à l’agence de bus pour acheter nos places, la dame nous dit que le bus ne pourra pas partir demain à cause de manifestations contre la hausse du prix de l’essence ! Nous voilà bloqués 24h de plus à Trujillo… Le soir nous avons tellement la flemme de ressortir que nous nous contentons d’un fabuleux repas composé d’un avocat et d’une boîte de thon, le plus rigolo étant que nous n’avons pas de couvert et que nous nous servons du ciseau de Rémi (qui accessoirement l’utilise pour tailler sa barbe). Ah c’est ça aussi le voyage !
Nous prenons notre mal en patience et partons visiter un autre site archéologique, le Huaca de la Luna, qu’on rejoint à bord d’un mini bus totalement bondé et dans lequel Rémi se retrouve debout en devant baisser la tête pour ne pas toucher le toit ! Cette fois nous avons un guide (obligatoire et « livré » avec le billet en fait). Ici c’est assez impressionnant les fresques ont gardé de leurs couleurs et on apprend que régulièrement le temple était recouvert par un autre temple ce qui fait que les archéologues ont découvert plusieurs strates de temples. Mais qui a donc fait ça ? Eh bien ce sont les Moches ! Bon, en réalité ça se prononce « Motché », mais ils ne se doutaient pas que quelques centaines d’années après leur disparition leur nom ferait autant rire les petits malins français. « Haha c’est quand même beau chez les Moches ! » Etc. Le lendemain c’est séance de spa pour Charlotte et séance montage pour Rémi, puis un bus où nous passerons la nuit pour nous rendre à Chachapoyas.
On arrive à l’heure au terminal pour le trajet qui tue : départ 16h, arrivée 6h30, blaaah ! Surtout que nous sommes sur les places d’en haut, celles où ton siège est plus petit et s’incline moins. Du coup c’est l’enfer pour dormir d’autant plus que la route de nuit fait d’innombrables virages en montée et en descente. On a le temps de regarder tous les films en espagnol qui passent sur la petite télé du bus, dont un très joli dessin animé de Pixar « Coco » qui nous tire quelques larmes à la fin. On pleure aussi quand à 4h du mat, alors que tout le monde dort tente de dormir, on nous remet de manière incompréhensible un nouveau film : paye ton « Taken » avec le son bien à fond ! Autant vous dire que ça a été l’un des trajets de nuit le plus difficile du voyage. On est cassé en deux quand nous arrivons à Chachapoyas, petite ville au cœur d’une région verdoyante et vallonnée.
Lorsque nous arrivons dans notre hôtel, la gérante nous informe qu’un tour organisé part dans la demi-heure pour la citadelle de Kuélap. On hésite (nos yeux crient « une sieste par pitié ») et finissons par courir dans la ville à la recherche de l’agence. Kuélap, Machu Picchu du Nord donc, n’a rien à envier à son homologue du Sud. Non, rien de rien, car clairement ce n’est pas du tout le même niveau ! C’est comme quand on vous dit que Martigues est la Venise provençale. Certes il y a des similitudes mais en réalité cela n’a rien à voir ! Il faut dire que les autorités du coin travaillent à développer le tourisme et ont ainsi construit un téléphérique pour accéder aux ruines. Et nous, en tant que fans absolus des téléphériques de La Paz (cliquez-ici pour voir la vidéo) on s’est dit que ça allait être cool. Bon au final ça ne nous a pas plus marqué que ça, même si la traversée surplombe à un moment près de 300 mètres de vide, mais au moins en vingt minutes on a eu le temps de faire la connaissance de deux militaires péruviens à la retraite bien sympathiques. Du coup, il est vrai qu’arriver quasiment sans effort jusqu’à l’entrée des ruines fait moins impression. Et le fait d’être dans un groupe de visite guidée où on est obligé d’attendre les autres (mon dieu mais qu’ils sont lents !) a rendu la découverte de cette ancienne cité perchée un peu laborieuse. Mais bon, c’était ça ou pas de guide et zéro explication ! En deux mots c’est les Chachapoyas (« guerriers des nuages », ayant vécu entre le IXème et XVème siècle) qui ont construit cette forteresse d’importance plus religieuse que stratégique, avant que les Incas n’en prennent le contrôle et qu’ensuite les Espagnols y fassent ce qu’ils savaient faire de mieux : piller et détruire. Sinon pour le retour nous avons eu droit à la panne du téléphérique ! Heureusement pas pendant que nous étions dedans (#etoiledesneiges) mais cela nous a condamnés à attendre près d’une heure avant que l’électricité revienne. Du coup on s’est bien gardé de dire que ce téléphérique est de construction française !
Le lendemain direction les chutes de Gocta, qui seraient les troisièmes plus hautes du monde : 771 mètres (en fait sur deux paliers : 220 mètres puis 550 mètres). Leur histoire est assez particulière car ces chutes, ou du moins le chemin qui y mène, n’ont été redécouvertes qu’en 2006 par un touriste allemand qui avait réussi à persuader un guide de l’y accompagner. Jusqu’à ce moment-là les villageois des environs refusaient de s’y rendre à cause d’une légende disant qu’une sirène tuait les hommes qui s’approchaient trop près des cascades. Il est donc encore possible de (re)découvrir des lieux sur cette planète ! Maintenant, les touristes affluent en nombre et ont radicalement changé la vie du petit village de Chirobamba situé au début du sentier. On essaye ainsi de faire abstraction des groupes qui se traînent sur le chemin et des chevaux qui portent les plus fainéants fatigués. Mais la vue sur la cascade est vraiment impressionnante, surtout quand on se retrouve au pied, fouetté par l’air et l’eau. On se permet même un détour par un mirador (#Rémiobsession) pour les admirer d’un autre angle.
Le lendemain c’est journée molle en attendant le bus pour Piura où nous allons être hébergés par l’ancienne famille d’accueil de la cousine de Rémi, Pauline, qui avait passé plusieurs mois au Pérou il y a quelques années. Cette fois-ci pour le bus de nuit on met le paquet en prenant les places top confort avec Cruz del Sur la meilleure compagnie du pays. On est comme dans un avion, avec repas servi et films à volonté, on avoue que ça fait plaisir ! Nous arrivons à Piura vers 11h du matin. On attend à la gare que Frini vienne nous chercher, essayant d’imaginer à chaque personne qui entre si cela pourrait être-elle. C’est finalement sa fille et son fils qui viennent nous chercher en taxi. Lenda a 18 ans et commence ses études de médecine et Sergio a 23 ans et travaille comme graphiste publicitaire. Après avoir traversé une partie de ville, bien chaotique et poussiéreuse, on arrive à la maison familiale. « Bonjour, je suis le papa péruvien de Pauline » nous lance Luis, le père, dans un grand sourire ! Il y a là aussi Frini, la mère, d’une bonne énergie communicative, et Hugo, le petit dernier de la famille, 8 ans, fils prodige champion du monde de Marinera, la danse nationale du Pérou ! On se met à papoter et on se rend compte que le souvenir de la cousine de Rémi, pourtant partie il y a 12 ans de chez eux est encore vivace. Frini nous parle avec amour du passage de Pauline qui fait vraiment partie pour eux de la famille ! Nous avons même droit à son plat préféré qui est l’Aji de gallina (poulet en sauce pimentée et au lait). Comme c’est dimanche, l’aprem c’est sortie en famille dans le village voisin de Catacaos réputé pour son artisanat. Hugo, le regard malicieux, nous pose plein de questions et tombe sous le charme de Charlotte qu’il ne lâche plus ! Le soir nous leur faisons notre spécialité de voyage quand on est accueilli : des crêpes ! Frini et Lenda rigolent de Charlotte qui peut être facilement distraite quand elle cuisine. Il règne une super ambiance et on comprend que Pauline après 7 mois de vie avec eux se soit sentie aussi bien car nous déjà après 8h nous sommes conquis ! Et encore le clou du spectacle n’a pas eu lieu : n’allait pas manquer l’occasion de réaliser notre défi danse, après la Cueca au Chili (cliquez ici pour revoir la vidéo). Ni une ni deux c’est parti pour une initiation sous les encouragements de toute la famille. Éclats de rire et ambiance de fête improvisée dans le petit salon de cette famille haute en couleurs. On passerait bien la nuit à discuter mais demain il y a école pour Hugo, cours de médecine pour Lenda et boulot pour Sergio. Luis est déjà reparti à Tumbes, à 6h de bus de là, pour gérer le champ familial.
Le jour suivant Frini passe la matinée avec nous pour nous aider dans notre quête d’un bus vers l’Equateur. Dans une pharmacie où elle s’arrête le gars de la sécurité nous demande s’il l’on a besoin d’aide. Tout de suite il enchaîne sur notre nationalité et de là sur le fait que le Pérou joue contre la France au Mondial, en espérant que les deux équipes se qualifient ! Cet homme est à l’image de toutes les personnes rencontrées pendant ces quasi deux mois, tout comme la famille de Frini, Diego, Helga, Ana, Javier, Jorge, Arnold et bien d’autres encore dont nous avons croisé la route quelques jours ou quelques heures. Ces gens qui nous ont à chaque fois gratifié de sourires, de conseils, de discussions, de curiosité bienveillante, d’hospitalité. Ces gens qui, plus que le Machu Picchu, font la richesse du Pérou, et qui nous manqueront. Merci Pérou y hasta luego !
Super d’être allé dans la famille qui a accueilli Pauline. Toutes ces rencontres doivent être très enrichissantes. Cela fait le charme de votre voyage.
Maintenant on attend l’Equateur et ensuite la Colombie. 🇪🇨 🇨🇴
Ce fut une bonne rencontre et un bon plan de la part de Pauline, on va voir si les Equatoriens et les Colombiens son aussi gentils que les Péruviens !
magnifique portrait de cette famille extraordinaire …….que nous avons eu la chance de connaitre il y a 12 ans ( sans le danseur hugo bien sur et avec le papa de frini de la selva en plus !)…… j en ai les larmes aux yeux !!! merci pour ces mots tellement bien ecrits ; votre blog est riche , vivant et meriterait d’etre ouvert à d’autres ? bises de nous 2
Oui ils nous ont parlé de vous aussi, ils se souviennent très bien des moments que vous avez passés ensemble. Frini a dit que Rémi ressemblait à Etienne ! Merci beaucoup pour vos mots, ça fait chaud au cœur. Gros bisous
Merci d’être allé les voir ! Ça m’a fait super plaisir et à eux aussi.
Je vous avais dit qu’elle était top ma famille péruvienne !
Gros bisous à vous deux
Y que viva perú !
On valide à 100% les plans Pauline !