// 30 avril – 02 mai 2018 //
Aller ou ne pas aller au Machu Picchu, telle était notre question avant d’arriver au Pérou : « Est-ce que ça vaut vraiment le coup ? » « Non parce qu’on trouve que c’est super cher quand même, et puis avec tous les autres touristes qui le font. » « On veut pas faire comme tout le monde. » BLA BLA BLA ! Arrête ton char Bernard ! Evidemment, on a fait comme tout le monde : on est venu, on a vu et… on a adoré le Machu Picchu ! Bon on l’a quand même fait à notre manière, un peu à contre-sens, un peu en mode périple, mais c’est ce qui a donné encore plus d’ampleur à ce moment fort de notre voyage. Allez, on vous raconte tout depuis le début !
D’Ollantaytambo (que nous prononçons désormais parfaitement, la preuve : Ollantaytambo, Ollantantymbo, Ollantatambo, bon ok on n’y arrive toujours pas !) on a chopé le bus que Diego nous avait réservé depuis Cusco pour faire le trajet jusqu’à Hidroeletricas. L’unique route d’accès doit faire environ 100 000 virages (ce qui a contraint Charlotte à acheter une bouteille de Coca ! Ouh sifflez-la !!). Oui car en gros pour se rendre au Machu Picchu il y a plusieurs options : y parvenir par un des treks de plusieurs jours proposés par les agences (ça c’est pour les sportifs plus ou moins riches selon le trek choisi) ; prendre le train depuis Cusco en mode Orient-Express (ça c’est pour ceux qui ont les moyens ou décidé de craquer leur porte-monnaie) ; prendre le train depuis Hidroeletricas (ça c’est pour les mi-riches mi craquage de porte-monnaie) ou longer les rails du train pour arriver après 3h de marche sur des graviers à Aguas Calientes (ça, c’est pour nous et tous les autres radins amoureux de la marche !).
Malgré le gros sac pesant sur les épaules de Rémi et la pluie à certains moments (Charlotte achète un poncho rouge qui lui sied à merveille), nous sommes gagnés par le jeu consistant à doubler le plus de personnes possibles (3h à longer des rails, faut bien tromper l’ennui) et nous arrivons en 2h30 à notre hôtel où nous sommes accueillis comme il se doit :
« Vous avez une réservation ?
– Oui pour deux nuits.
– Euh mais attendez c’est trop bas comme prix pour une chambre double.
– C’est-à-dire que nous avons une réduction via Booking.
– [visage contrarié] Ah oui, vous avez profité de l’offre de dernière minute. Bon ok au final ça vous fera 170 soles.
– Pourquoi ça fait 25 soles de plus ??
– Parce qu’ici, nous devons rajouter une taxe locale. »
Oui, bon ça va, on a compris tu l’as de travers qu’on paie moins, en attendant à nous le grand lit double, et la douche chaude AVEC de la pression ! Vous ne vous en rendez pas compte mais entre Bolivie et Pérou pour la douche il faut toujours choisir : soit le jet est normal mais c’est froid, soit c’est chaud mais pour cela il faut réduire le débit au maximum et se laver avec un filet pas plus épais que l’éthique de Gérard Collomb !
Sur ces entrefaites on ressort pour chercher un resto. Et ce n’est pas ce qu’il manque ici. En fait c’est simple la ville dispose de trois types d’infrastructures seulement : des restos, des hôtels et des magasins de souvenirs. Ajoutez quelques supérettes et des centres de massage et voici Aguas Calientes, une ville entièrement dédiée au tourisme de masse, qui s’est elle-même renommée Machu Picchu Pueblo (au cas où on n’aurait pas capté). Les prix s’alignent mais on finit par tomber sur un resto pas trop cher. Ah, mais c’était sans compter les 10% qui s’ajoutent magiquement à la note, eh oui la fameuse taxe locale ! Celle qui était écrite en tout petit en bas sur la couverture du menu que l’on nous a tendu ouvert. On se demande à quoi elle peut bien servir d’autant que tous ces professionnels du tourisme se gavent littéralement avec l’argent du tourisme : sont-ils réellement eux-mêmes plus taxés par le gouvernement qui redistribue ensuite ces richesses liées au site le plus visité du pays vers d’autres régions moins bien dotées ? Est-ce reversé pour des mesures sociales ? Ou juste une arnaque généralisée ? Tant de questions sans réponses, autant aller dormir !
Dans notre grande chambre double (héhé) nous élaborons notre plan pour le lendemain. Nous décidons de ne pas faire comme tout le monde et de prendre nos billets d’entrée pour la session de l’après-midi, et non pas celle du matin (il faut désormais choisir entre les deux pour accéder au Machu Picchu). La perspective de se retrouver à courir pour être les premiers sur le site au petit matin ne nous emballe guère, on va se la jouer tranquille et miser sur l’après-midi pour éviter la foule, même si Rémi craint que le temps ne se couvre à partir de midi #meteoduPicchu. Le lendemain matin, nous sommes donc excités comme des puces (mais d’où vient cette expression ?) en attendant le moment d’y aller. Sur les coups de 11h, enfin lancés sur le chemin au pied de la montée finale (1500 marches à gravir), on achète l’empanada la plus chère et dégueulasse du monde, et c’est parti pour 45 minutes d’ascension bien raide. Tel Richard Virenque à la grande époque, Rémi avale les marches tandis que Charlotte peine à l’arrière du peloton. On croise pas mal de gens qui descendent, ils ont l’air fatigué mais heureux : laissez-nous la place, c’est à notre tour maintenant !
Arrivés à l’entrée officielle, il n’y a pas de queue, pas de guide obligatoire à prendre (alors qu’on l’avait lu partout sur Internet), du coup on passe easy tandis que le soleil perce les nuages au moment où nous arrivons au premier point de vue. Le Machu Picchu s’offre à nous dans des conditions idéales. D’ailleurs le Machu Picchu c’est quoi ? Beh vu que nous n’avons pas pris de guide nous nous bornerons à vous référer à l’énorme documentation existante en indiquant simplement que les historiens s’accordent sur deux usages : une des résidences de l’empereur Pachacutec et/ou un sanctuaire religieux. Dans les deux cas c’est de la belle ouvrage !
Nous sommes heureux, tout simplement. La suite est comme un enchantement. On est comme des gamins, on fait beaucoup de photos, Rémi est fier de poser avec son maillot du Pérou, acheté presque seulement pour l’occasion, il saute en l’air, se fait reprendre par le garde qui dit : « Pas de saut s’il vous plait ! » Trop tard, la photo est dans la boîte ! Charlotte quant à elle invente des poses originales jusqu’à celle du poirier : là c’est le drame, un autre garde surgit de nulle part. « Excusez-moi mais vous êtes sur un site sacré, il y a un minimum de tenue à avoir, les incas ne faisaient pas ce genre de choses. Effacez cette photo de votre appareil s’il vous plait ». Cette affirmation nous laisse tellement incrédules (qui dit que les incas ne faisaient pas le poirier ? et comment le savoir de toute façon ?!) que Charlotte efface la photo la mort dans l’âme. Eh oui, la censure existe même au Machu Picchu ! Cela ne nous empêche pas de profiter à fond du site, de déambuler entre les ruines dont l’état de conservation est remarquable en se félicitant d’être venus l’après-midi pour profiter d’une agréable lumière rasante. En plus, il se passe des choses incroyables pendant que nous y sommes : Charlotte lâche pour la première fois de sa vie un « Oui, tu as raison Rémi », puis un arc en ciel apparaît de l’autre côté de la vallée. Bref, ce lieu est magique. On y reste jusqu’au coucher de soleil, ce qui nous fait redescendre à la frontale !
On s’endort avec des images plein la tête et un sourire qui ne nous lâchera plus jusqu’au lendemain. Même le retour à pied le long des rails sera un moment de plaisir, il fait beau, nous sommes seuls, la nature chantonne, nous jetons un dernier regard tout en haut vers le Machu Picchu : non vraiment, on a bien fait de te rendre visite, pas grave pour la photo du poirier, on sait que ce n’est pas de ton ressort, on t’a vraiment apprécié, on ne t’oubliera pas, merci pour tout Picchu !
On aurait bien aimer voir le poirier de Charlotte … mais bon les photos sont superbes , vous avez l’air d’avoir pris beaucoup de plaisir malgré les 1500 marches, c’est le principal.
Il y a peu ou pas de photos des ruines, c’était interdit ?
Cela procure toujours des émotions d’être dans des lieux si bien conservés et de penser à la vie des gens qui y ont vécu.
Bisous en attendant la suite de vos « aventures ».
On a été moins inspirés pour les photos des ruines ! Mais oui, ce lieu est vraiment fantastique, on ne regrette pas du tout !