// 26 juin – 2 juillet //
Il y a des fois des missions qui semblent impossibles, comme quand on se retrouve coincé dans les embouteillages de Quito, dans un taxi qui nous fait comprendre que ce sera compliqué d’avoir notre bus à 13h. Il est 12h55, on n’est plus très loin mais on avance presque au ralenti, on sait que la sentence derrière sera d’attendre le prochain à 16h30. On s’imagine déjà tuer le temps avec nos gros sacs dans la chaotique gare routière de Quito… Il est 13h passé de quelques minutes, c’est fichu, on aperçoit notre bus en direction de Mindo en train de manœuvrer pour sortir. Mais c’est sans compter sur notre super chauffeur qui va se mettre quasiment devant le bus pour lui barrer la route et l’arrêter ! Et nous voilà en sueur mais heureux, bien assis dans le bus qui nous emmène donc à Mindo, petit village qui s’est tourné depuis une vingtaine d’années dans le tourisme vert. Notre hôtel est composé de cabanes au milieu d’un magnifique jardin luxuriant, en plus on a la chance d’être surclassé car la dame avait zappé notre réservation : à nous le cabanon tout confort avec salle de bain privative ! Rien que pour ça, ça vaut une petite visite guidée :
L’une des activités phares de Mindo consiste en l‘observation d’oiseaux que *spoiler alert* nous ne ferons pas. Et pour cause, là où nous prenons notre petit-déjeuner l’hôtel a installé des mangeoires où viennent s’abreuver des colibris ! Les prendre en photo s’avère un exercice assez difficile. Faut dire qu’ils bougent pas mal, jusqu’à 200 battements d’ailes par seconde (quand ils approchent on croit entendre une nuée de bourdons), et ne se posent quasiment jamais. On ne peut pas en dire autant des habitants de la ferme aux papillons ! Mais avant d’aller plus loin, quelques informations sur ce lieu. Dans une espèce de grande volière bien chauffée des centaines de papillons de toutes les couleurs volètent gaiement. Il y a aussi une « nurserie » : des cocons de différentes tailles et espèces sont accrochées sur des panneaux de bois. Certains cocons sont ultra stylés et arborent une enveloppe dorée assez incroyable. En plus on a la chance d’assister à une naissance de papillon ! On voit que ça bouge puis petit à petit les ailes toutes fripées se déploient et on voit un liquide couler. Heu, minute papillon c’est quoi ce petit pipi ? Ah mais non, c’est le liquide amiotique (eh oui, ne nous remerciez pas de vous apprendre tout ça, c’est cadeau !). Mais les stars d’ici ce sont les papillons géants. Donc, quand les colibris sont hyperactifs ceux-là sont totalement oisifs. Le but du jeu consistant à s’enduire les doigts de banane bien mûre écrasée et d’attirer les papillons pour qu’ils mangent sur toi (transposés à d’autres contextes cette situation semble bien chelou on est d’accord). Ce qu’ils font relativement facilement après les avoir titillés un peu. Chacun sa technique :
« Mais vas-y Charlotte n’aie pas peur, mets ton doigt sous son ventre !
– Ouais mais attends il commence et il finit où son ventre ? Et puis j’ai pas envie de le brusquer.
– Oui d’accord mais là on en a pour cent ans si tu attends qu’il grimpe sur toi, faut être plus volontaire !
– [le papillon géant en question] qu’est-ce qu’ils sont fatigants ces humains, ils peuvent pas me laisser bouffer ma banane tranquille ? »
En sortant du lieu on aperçoit des papillons libres et on imagine ce qu’ils pourraient dire à leurs camarades enfermés. On s’amuse à inventer le conte « La Révolution de Papillou », le papillon rebelle qui parvient à entrer dans la ferme et à bousculer les consciences de tous les papillons enfermés en leur faisant comprendre que les humains achètent leur liberté en les gavant de nourriture. À la fin même les papillons obèses géants finissent par retrouver la nature (tout lien avec une utopie transposable dans la réalité humaine n’est absolument pas fortuit) ! La suite est moins idyllique pour nous, on marche longuement sur une piste pour rejoindre le départ du sentier des cascades, la fatigue et la faim se sont sentir en même temps que des tensions naissent (on ne peut pas toujours être sur la même longueur d’onde !). Du coup on écourtera la balade qui au bout de quelques mètres ne nous semble vraiment pas fantastique, seul le passage en tarabita (encore une nacelle au dessus du vide !) nous réjouira. En plus il se met à pleuvoir bien comme il le faut et on rejoindra le village à l’arrière d’un pickup où le but est d’éviter de se prendre les branches des arbres ! Il nous faut quelque chose de chaud, ça tombe bien, le restaurant dans lequel nous sommes posés nous propose un canelazo (boisson typique équatorienne à base de rhum cannelle chaud !). Requinqués on peut aller se reposer dans notre cabane au milieu de notre mini-jungle.
Après Mindo nous rejoignons Otavalo situé plus au Nord. Le bus nous laisse comme d’habituuuudeuh sur le bord de la route à l’entrée de la ville (ça nous avait manqués). Tout de suite nous remarquons que physiquement les habitants d’ici diffèrent des autres régions. La majorité indigène a des traits plus fins, les femmes portent toutes la longue jupe noire, ainsi que des bijoux dorés et les hommes portent les cheveux longs noués en tresses. Otavalo est connu pour son énorme marché aux tissus du samedi mais comme on a déjà fait nos emplettes en Bolivie on décide d’aller voir l’autre grand marché de la ville, celui aux animaux où tout le monde vient vendre ou acheter vaches, cochons, poules, chevaux mais aussi cochons d’Inde, chiots, poussins. Autant vous dire que les cris des cochons qui ne veulent pas être emmenés, les vaches qui meuglent en se débattant et toute cette souffrance animale ressentie nous a mis mal à l’aise. Cela fait bizarre de voir ces animaux traités comme des marchandises (non comme des êtres vivants dotés de sensibilité), même si l’on comprend l’existence de ce marché car il n’y a pas de jugement de notre part, juste notre vision de citadins européens.
Histoire de rester dans la thématique animale nous allons ensuite au Parc Condor qui recueille divers rapaces blessés ou inaptes à la vie sauvage, dont un couple de condors. On assiste à une représentation de vol de certains de ces grands oiseaux tout en réalisant que nous n’aimons pas voir des animaux en cage, y compris si c’est pour leur préservation. Avant de tracer en Colombie (aucun rapport avec la cocaïne) nous nous arrêtons à la « Rana canto » chez Pascal et Nadine, un autre bon plan de Pauline la cousine de Rémi. Installés depuis une douzaine d’années dans un coin paumé dans la campagne équatorienne, leur maison- chambre d’hôtes est un véritable petit paradis. Sur leur terrain diverses cultures, y compris du café. Et ils ont un lama ! Oui un lama qui est né ici et qui vient te renifler de très près quand il ne te connait pas ! Et apparemment il aime beaucoup la barbe de Rémi !
Le lendemain sous les conseils de Pascal nous partons en balade dans le coin. Les paysages autour sont superbes, les nuages partagent le décor avec la verte végétation des profondes vallées. Au début tout va bien donc, mais une fois sur un sentier qui descend jusqu’à la rivière qu’on entrevoit tout en bas, on croise une, puis deux, puis trois énormes araignées qui nous barrent à chaque fois le chemin au milieu de leur toile. On commence en plus à ne plus trouver le sentier qui se perd en passant des terrasses agricoles. Rémi s’entête (il n’aime pas ne pas trouver son chemin !) mais à la vue d’une nouvelle araignée immense (on exagère un peu on est de Marseille hein) il regarde Charlotte d’un air de défaite et nous décidons de faire demi-tour. Pascal rigolera bien de nous quand on lui explique notre mésaventure : « Si c’est à cause des araignées, vous avez fait le bon choix, il y en a partout tout le long du chemin ! Mais il suffit de prendre un bâton pour les écarter, ce n’est rien ! » Pour nous délasser, nous filons du côté des termes d’eau chaude situés à une trentaine de kilomètres dont l’eau provient du volcan d’à côté, pratique ! On atteindra d’ailleurs ces thermes en faisant du stop et en étant pris à chaque fois par des équatoriens super sympas ! C’est définitif, l’Equateur est remonté dans notre estime et on serait bien resté finalement plus longtemps, mais la Colombie nous appelle (enfin, ça c’est si on arrive à passer la frontière) !
De très belles photos comme d’habitude et les deux premières des papillons j’adore !!! Il faudra que je récupère celles du colibri pour l’envoyer à ceux d’Aubagne (les colibris bien sur).
J’aurai bien aimé voir en photo le lama en train de manger(?) la barbe de Rémi ;-))
Hasta luego !
Non il a juste bien reniflé la barbe ! Tu parles espagnol désormais c’est beau ! Entonces podemos charlar contigo a nuestro regreso !